Un journaliste de la presse écrite passionné par l’image

26 Nov

Olivier Bertrand, journaliste et documentariste (D.R.)

Olivier Bertrand, correspondant régional Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) pour le quotidien Libération s’est entretenu avec les étudiants en journalisme à l’Institut Universitaire de Technologie (IUT) de Cannes. Un homme d’apparence discrète est revenu durant deux heures sur sa carrière et sa deuxième passion, le documentaire.

En 1993, Olivier Bertrand obtient un diplôme de l’enseignement supérieur en journalisme à l’université Paris II. Pourtant, il n’a pas attendu son diplôme pour commencer sa carrière de journaliste. Dès 1991, il écrit des piges pour des revues professionnelles et spécialisées mais aussi pour Libération. « Je publiais presque tous les jours des articles pour Libé alors mon rédacteur en chef m’a proposé un CDI. Je pense que je coûtais trop cher en tant que pigiste ! », souligne-t-il en souriant. Il devient alors journaliste pour les services « Politique » et « Société » pendant quatre ans. Dans les années 2000, plusieurs régions françaises basculent vers l’extrême droite. Libération n’a « rien vu venir ». Depuis longtemps, le journal n’avait plus de correspondants régionaux. « La direction a décidé de faire un appel d’offre pour envoyer des journalistes à Lyon, Marseille, Bordeaux etc. »  Bertrand, polyvalent et expérimenté grâce à ses nombreux enquêtes et reportages, accepte et devient correspondant régional en Rhône-Alpes durant onze ans. «Ce qui m’a poussé à partir c’est de pouvoir travailler pour les divers services : politique, société, sport… » Depuis février dernier, il est devenu correspondant régional pour la région PACA. La liberté est aussi un élément clé lors de ses décisions de poursuivre son travail en tant que correspondant. « J’aime mon autonomie ! Je choisis mes horaires de travail et je n’ai pas cette pression quotidienne de la rédaction. » Cette quête de la liberté se retrouve aussi dans sa deuxième activité, la réalisation de documentaire.

Technicien de l’information à technicien de l’image

En 2007, il reprend les bancs de l’école. Il éntame une formation à la réalisation de documentaires à Paris. « C’était une formation douloureuse mais intéressante », précise ce passionné de cinéma-documentaire. Son premier film s’appelle Un soir d’été, un étranger. Des habitants d’un village d’Ile-de-France avaient caché un immigré clandestin marocain dans leurs greniers. Dix ans plus tard, le réalisateur revient dans ce village, pour essayer de comprendre pourquoi ils ont ouvert leurs portes. «Depuis quatre ans, ce film tourne dans de nombreux Festivals et j’en suis assez fier. »  D’autres films ont suivi comme Vaulx-en-Velin, la Cité retrouvée. Cette fois-ci, c’est un documentaire traitant des émeutes de 1979 avec un retour sur les causes et le bilan 30 ans après. « J’ai moi-même grandi dans des cités parisiennes et lyonnaises. Quand je travaille sur les banlieues, je continue à m’intéresser à des choses qui font partie de ma fondation. » Ce film a été diffusé par France 3 et La Chaîne Parlementaire. Pour lui, ce qui est intéressant dans le cinéma et la télévision c’est de repousser les cases. « Quand je travaille avec de grandes chaînes, ils demandent qu’on comprenne le film dès les premières cinq minutes. » Bertrand n’est pas de cet avis. Il privilégie plutôt l’émotion qu’un documentaire peut procurer et non pas la compréhension immédiate. Pour lui, le « documentaire vient du ventre ». Une étudiante l’interroge sur la différence entre un documentaire et un reportage d’information. Il répond clairement : « Le documentaire laisse une certaine liberté de forme, de temps et le choix à qui s’adresse le film. » Le journaliste-documentaliste a déjà un prochain projet Marseille Immigration. Cette réalisation consiste à interviewer des habitants des quartiers Nord de Marseille dans « un fauteuil en velours vert » pour parler de leurs histoires en tant qu’immigrés.

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